Je débarque seul à 23h à l'aéroport de Catane et
je dois retrouver François, arrivé plus tôt, qui m'a laissé un SMS.
Il est à l'auberge de jeunesse dans le centre-ville. Une vieille
femme me demande un conseil, je lui dit que je suis Francese mais
elle ne comprend que Franscesco (François). A peine arrivé, je voie
que mon accent est des plus mauvais et je pars de bien bas dans la
langue Italienne...
Je demande mon chemin, 2 jeunes me disent de les
suivre dans les rues étroites de la ville. Ca sent un peu le piège
mais ils ont l'accent Anglais donc à priori pas de problème. Ils
m'emmènent à "Agora Hostel" où je retrouve François. La nuit est
rythmée par le brouhaha du bar branché en dessous, et on dort bien
peu.
Le lendemain, on se fait le petit déjeuner à 7h
du matin derrière la cuisine (la personne devant s'occuper de nous a
du mal à se lever de son jeu Playstation) et on arrive juste pour le
seul et unique bus de la journée qui monte au Rifugio Sapienza, via
Nicolosi charmante bourgade à 700m d'altitude. On arrive à Sapienza
sur une route construite sur une ancienne coulée de lave. Le temps
est beau, tout baigne...
On est bien fatigué du voyage, on remonte la
piste de ski sous le téléphérique "Funivia" qui fonctionne, avec pas
mal de touristes piétons et peu de skieurs. Arrivés à la station, on
demande quelques précieux renseignements et on achète une carte
1/25000°. L'idée est de traverser sur Provenzana pour éventuellement
rencontrer demain Saro, un sicilien contacté sur le net.
Le vent se lève, il est 13h. On grimpe jusque
sous la Torre del Filosofo 2900m pour couper le versant E et
descendre en versant N. Le vent est maintenant démentiel, la neige
est pleine de vagues regelées, on n'y voie pas grand chose.
J'apprécie fortement mon masque anti-froid néoprène sur ma joue. On
décide finalement de rebrousser chemin car les conditions sont
complètement exécrables en altitude.
On descend sur Valle del Bove grand spot de
coulées anciennes et futures. Evidemment quand on arrive à l'endroit
clef, les nuages viennent nous envelopper et on se paume un peu, on
tire trop à droite, puis on revient sur Sapienza dans une neige
enfin ramollie et lisse. Le paysage est lunaire, les nuages
fantastiques avec ce vent, et on revient bien fatigués à Sapienza,
sous le nez du bus qui descend à Catane.
Première entrée en matière dans le vif du sujet:
ETNA montagne d'Eole, vent démesuré à la hauteur de ce superbe
volcan.
On veut rentrer dans le refuge, mais celui est
"chiuso" nous dit le gérant; avec quelques palabres il accepte
d'ouvrir et nous présente le tarif: 69EUR la demi-pension par
personne. aïe c'est beaucoup plus cher que prévu. François passe un
coup de fil à Saro qui n'est pas trop décidé à venir nous chercher.
Le gérant sentant qu'on veut partir, nous baisse le prix (de toute
façon, on était bloqué là). Le refuge est en fait un hôtel 2 étoiles
et le repas est gargantuesque (antipasti digne de ce nom, macaroni,
assortiment de 3-4 viandes, salade, "dolce" maison, digestif "Fuoco
dell Etna" 70° arrgghh on n'en peut plus). Le gérant nous montre un
renard qui fouine les poubelles autour du refuge tous les soirs.
Le lendemain, on monte en haut des remontées sans
idée fixe. A la station 2500m, le vent est bien fort mais le temps
correct. Vite on essaie d'accrocher le wagon pour traverser sur
Provenzana et pas rebrousser chemin comme la veille. A la Torre del
Filosofo, le vent est "acceptable" pour là-bas (50km/h). On
continue jusqu'à Bocca Nuova, un des 4 cratères sommitaux, qui
crache sa fumée. Clic-clac 2 fotos et tchao, on descend sur
Provenzana avant que les gros nuages menaçants arrivent sur nous.
La descente en Nord est superbe malgré le froid et le peu de dégel.
On arrive à Provenzana et on apprend que le "rifugio", détruit il y
a 3 ans par une coulée, est en "rinnovazione" aïe!!. On décide
d'aller à Citelli sans aucune information en coupant la forêt sur
4km plus ou moins à plat. On se débrouille bien dans cette forêt
"magnifica" de pins et de genets.
A Citelli, le "rifugio" est "chiuso" car en
"rinnovazione" (encore!!), mais Robbie le gérant nous laisse dormir
avec couvertures sans électricité, chauffage ni eau.
Lucio du "Soccorso montagna" propriétaire du refuge, nous
prend pour des fumistes quand on lui indique notre programme à venir
sur notre carte, il est de garde demain et ne veut pas aller nous
chercher. On est quasi obligés d'acheter sa carte 1/50000° non
fantaisiste...
Le soir on discute à la frontale avec Nicole une
charmante apprentie vulcanologue. Elle passe tous ses week-ends plus
près de l'Etna sa passion et son futur métier. Nuit longue et
réparatrice, on en aura besoin pour le 3° jour.
Ce 3° jour, on part de Citelli par les superbes
pentes E jusqu'à Pizzi Deneri 2850m. On croise quelques skieurs
randonneurs locaux plutôt froids au début et très sympas ensuite. Le
temps se maintenant, on continue sans les Siciliens jusqu'au cratère
NE. La fin est bien longue, le vent faiblit et on arrive tard en
haut. Le cratère crache sa fumée nocive, François voudrait aller en
haut du cratère mais il faut pour cela aller dans le nuage de fumée.
bof bof on n'y va pas.
On est pas mal à la bourre et on descend à 16h30
Pizzi Deneri dans du béton/glacé dans le "canalone" où la chute est
interdite sur ce toboggan.
Plus bas vers 2300m, c'est encore dégelé en surface et les courbes
s'enchaînent à Mach2 avant le coucher de soleil, jusqu'à Citelli,
notre havre de paix & de bonne humeur avec Robbie et sa copine.
Robbie le sympathique gérant Irlando Sicilien nous apprend que
pendant cette belle journée, Angelo d'Arrigo "l'homme oiseau" s'est
tué en deltaplane sur les flancs de sa montagne, son volcan,
l'Etna...
Pour ce dernier jour de ski, on va essayer de
traverser sur Maletto petit village Sicilien complètement à l'opposé
d'où nous sommes. Le final sera de toute beauté, les superlatifs
manquent.... A 2300m, nous faisons une incursion dans la
spectaculaire et lunaire Valle del Bove. On continue jusqu'au
cratère NE que François me pousse un peu à arriver tout au sommet
(je suis plutôt fatigué de ces 4 jours).
La vue sur le cratère central et Bocca Nuova est
superbe, le vent faible, super super... François rencontre au
cratère central un vulcanologue avec une gerbe de fleurs et un
caméraman qui fait un reportage TV pour Angelo décédé la veille.
La descente de Punta Lucia 2940m est un morceau
de choix (pente de 5km de large sur 1000m de haut à 30°, sans aucune
trace), avec vue sur Stromboli, Vulcano, Napoli... On descend à une
vitesse folle, descente sublime, trop courte comme un instant volé /
partagé avec la nature
L'arrivée sur Monte Scavo, charmant refuge
construit en pierre ponce, est "bellisima" dans cette forêt de pins
et de genets.
Le retour à Maletto est bien bien long sans neige car la descente
est un peu tardive dans la saison. Plus bas, on rencontre un local
qui ne peut nous emmener mais nous dit de demander Nino. Dix minutes
plus tard, on croise Nino avec son 4x4 qui monte nous chercher. Il
nous redescend à Maletto puis à une auberge de Bronte ("grazie
mille" Nino) alors que la nuit pointe son nez, et les cochons
sauvages par la même.
Le lendemain, les transports publics Siciliens
n'étant pas des plus rapides hors saison touristique, je ne pourrais
aller visiter ni les théâtres grecs, ni la plage avant le départ à
l'aéroport, mais de toute façon l'essentiel n'était pas là.